Sortie au printemps 2020, la Soar (version légère de la Rise 4) est la voile de cross light de AirDesign. Ce parapente fait partie de la catégorie des EN B + taillés pour le hike and fly et le vol bivouac au même titre que les Ikuma P (Niviuk), Swift 5 (Ozone), Xi (Advance) et autres.
Mes impressions après une saison où cette voile m’a suivi dans ma progression en vol de distance et m’accompagnera pour mon premier vol bivouac.

Visée de l’article

« Cette voile est performante mais accessible. Digne d’une EN C, avec la sécurité en plus ! » Ça n’est pas le tampon que j’apposerai à la fin de l’article comme il convient de faire pour tout bon test de voile high EN B. 
Ici, pas de comparaison de taux de montée, pas de vitesse bras haut, 1er, 2e, 3e ou 4e barreau…
Il s’agit d’un partage de mon ressenti perso sous cette voile. Les éléments de comparaison utilisés proviennent de ma petite expérience. C’est donc une vision totalement subjective que vous lirez ici.

Choix d’une nouvelle voile : Airdesign Soar #Cloudhopper

Confinement au printemps 2020, c’est l’occasion de préparer les objectifs pour cet été. Cette année, j’ai la volonté de progresser en vol de distance dans l’objectif de réaliser un vol bivouac en début d’automne. Avec un record perso de 30km, j’ai dans l’idée de boucler un parcours de 80km. Ça sera mon premier été avec un focus sur le cross plutôt que le vol montagne. 
En commençant à regarder le matos de vol bivouac, je me rends compte que j’explose le PTV de mon Ikuma P. C’est sûrement le moment de changer de voile.

Je recherche une EN B+, comme ma précédente aile. Mon premier critère est le poids de la voile. Vol bivouac et hike and fly seront mes principales disciplines à terme (même si pas mal de vols sur sites seront nécessaires pour progresser efficacement)

Voici un comparatif des principales EN B + light. Mon PTV est de 82kg en mode cross ou hike and fly et de 92kg en mode vol bivouac. J’ai donc indiqué la taille qui me conviendrait, la plage de PTV correspondante et le poids du parapente.

Ozone Swift 5, MS, 75-95, 3.77
Niviuk Ikuma 2P, 24, 75-95, 3.6
Airdesign Soar, S, 72-92, 3.47
Advance Xi, 23, 75-85, 3.6
Nova Mentor 6 light, XS, 70-90, 3.9
Phi Maestro X-Alps, M, 75-95, 3.45 

On remarque que les poids de voile se tiennent dans une fourchette de 400g. Difficile de faire un choix entre toutes ces ailes…

Mais la Soar d’Airdesign fait partie des poids les plus bas. Le contact avec Florian (commercial AD France) est très bien passé et l’esprit de la marque à l’air plutôt sympa. Voilà qui a fait penché la balance! 

Pour le reste des caractéristiques techniques de la Soar, vous retrouverez tout ce qu’il faut sur le site d’Airdesign.

Prise en main générale

Comme attendue, la voile est compact et légère.
Les élévateurs sont fabriqués à partir d’une tresse en Dyneema de moins de 4mm de diamètre, c’est light! En revanche, c’est la première fois que j’ai une aile sans softlinks pour attacher les suspentes. Ici, ce sont des maillons qui font la connexion. Ca sera plus pratique pour la maintenance.

Les poulies d’accélérateur sont grosses au regard de ces élévateurs. Mais le résultat est là, l’accélérateur est souple à l’utilisation. Au repos, les poulies sont de travers et la drisse d’accélérateur ne se met pas dans la gorge. Mais tout rentre dans l’ordre quand le système se met sous tension.

pilotage aux arrières et accélérateur sur la voile air design soar

Les élévateurs light en dyneema avec les belles poulies d’accélérateur.

La voile d’Airdesign se gonfle très facilement malgré son allongement. On repère aisément les avants qui sont séparés en deux. Rien de spécial à noter de ce côté-là.

Les commandes sont un peu plus fermes qu’avec l’Ikuma P, sans pour autant être trop dures. La Soar est très réactive et précise. Il faut très peu de débattement pour la mettre en virage.

Les oreilles sont très faciles d’utilisation. Peu de force nécessaire pour les maintenir et la voile reste bien stable. C’est un vrai confort quand on rentre après plusieurs heures de vol, complètement rincé de la journée, et qu’il faut se poser dans une vallée où ça monte de partout.

Caractère de la voile

Ce paragraphe est surtout comparatif par rapport à mon expérience avec l’Ikuma P de Niviuk. Je ne saurais pas placer la Soar dans une échelle absolue de ce qui existe sur le marché.
De plus cette description correspond à des vols avec un PTV aux alentours de 82 kg donc à la moitié de la plage. Je vole avec la sellette Strike de Supair.

Pour faire simple, la Soar est vivante.
Attention, elle n’est pas en train de bouger sans cesse au besoin de piloter en permanence pour la garder au-dessus de la tête. Au contraire, l’idée est de la brider le moins possible pour la laisser transmettre les informations. J’ai découvert des sensations et mouvements d’aile utiles à la compréhension de la masse d’air que je n’avais pas avant. Les deux bouts d’aile peuvent bouger de façon dissociée, reculer, avancer ou se soulever sans que ce soit toute l’aile qui pivote. Ces mouvements sont transmis à la sellette et aux élévateurs uniquement à partir d’une certaine amplitude. Ce filtre permet de gagner en confort.
Les bouts d’aile peuvent clignoter facilement pour avertir qu’on se rapproche d’une zone de cisaillement.

Quand on a pas l’habitude, ces mouvements peuvent paraître déroutants. On a tendance à vouloir piloter sa voile quand ils surviennent. Puis on s’habitue, on apprend à les interpréter, à les traduire et ils deviennent ainsi un super outil de compréhension de l’air.

 

Pilotage aux C/B

Un des grands éléments de ma progression a été d’apprendre à laisser voler ma voile. A la moindre turbulence, j’avais le réflexe de me mettre au « contact » de ma voile avec les commandes, ce qui dégradait les performances et me faisait perdre du temps.

Les élévateurs de la Soar présentent une lanière (verte) qui relie les élévateurs B et C. Cela diffère des élévateurs de mon Ikuma qui avaient une poignée (boucle textile) sur les C uniquement. Ici, il faut caler ses mains entre les deux élévateurs et les laisser reposer sur la sangle. Le petit bémol est le manque de confort de la sangle dans la durée. Un padding en mousse aurait pu être agréable.

Pour piloter, il faut agir vers le bas et non en tirant vers soi. Un système d’anneaux low friction permet de transmettre l’effort à la fois aux C et, dans une proportion moindre, aux B (voir la vidéo en fin d’article). Ainsi, on agit un peu comme sur une deux lignes, en préservant le profil de la voile. Ce système est maintenant présent sur plusieurs voiles (Ikuma 2, Delta 4, etc).

pilotage aux arrières et accélérateur sur la voile air design soar

Comparativement au pilotage aux commandes, le pilotage aux « arrières » est beaucoup plus ferme. Il m’a fallu un moment pour savoir comment doser. Apprendre à ressentir les pertes de pression de la voile à travers les sangles, savoir quelle force je pouvais mettre dans le pilotage, jusqu’où on peut tirer sans risquer le décrochage de la demi aile concernée, etc.

Et puis, c’est devenu un réflexe. Les commandes ne servent plus qu’à enrouler les thermiques (ou quand ça bastonne vraiment fort). Dès que je veux quitter un thermique, sortir d’une zone turbulente ou attaquer un cheminement, je me jette sur les sangles. Ainsi on libère complètement le bord de fuite de la voile que l’on sent tout de suite reprendre de la vitesse et en même temps on conserve la communication à travers les arrières. On peut efficacement corriger sa trajectoire, stopper les mouvements pendulaires et contrer les amorces de fermeture sans casser le profil de la voile et donc sans nuire à ses performances.
Venir caler ses mains entre les B et C dès que possible m’empêche de reproduire les mauvaises habitudes que j’avais en utilisant les commandes beaucoup trop souvent.

En cheminement et en transition, lorsque l’on utilise l’accélérateur, il est déconseillé d’utiliser les commandes qui cassent le profil et le rendent instable. Il faut donc préférer le pilotage avec la liaison B-C. Au début j’avais une utilisation très timide de l’accélérateur. Je le relâchais au moindre mouvement. Mais j’ai fini par apprivoiser la Soar. Je me suis rendu compte qu’on pouvait facilement voler avec 20% d’accélérateur sans fragiliser le profil même dans les cheminements scabreux où les arrières permettent de compenser les mouvements de l’aile.

 

pilotage aux arrières et accélérateur sur la voile air design soar
Comportement en air turbulent, fermetures

Dans cette période de progression, on va forcément explorer des reliefs sans que notre analyse de l’aérologie aie été correcte à 100%, et forcément, la voile ne reste pas toujours complètement ouverte au-dessus de la tête…

J’avais déjà pris quelques fermetures assez vives avec l’Ikuma P. De manière très subite, sans prévenir. La voile qui se plie verticalement le long de la corde. Une amorce de rotation et pas mal d’énergie en sortie.

Dans le cas de la Soar, je n’ai jamais été inquiet lors des fermetures, qui n’ont jamais été totales (malgré des conditions parfois assez fortes). Tout d’abord la perte de pression est très bien transmise dans les élévateurs. Puis la fermeture s’amorce (dans les cas que j’ai rencontré) par une déformation progressive du bord d’attaque qui part vers l’arrière. Cela laisse assez de temps pour réagir et contrer. Puis la réouverture se fait progressivement aussi, en sens inverse (voir la vidéo en fin d’article). Je n’ai jamais eu de gros shoot ou d’amorce de rotation.

fermeture de la voile air design star lors d'un incident de vol

Journée aux conditions fortes au-dessus des Aravis avec vent du N marqué. Amorce de la fermeture par le bord d’attaque de la voile lors d’une sortie de thermique.

fermeture de la voile air design star lors d'un incident de vol

Propagation de la fermeture vers l’arrière. Ça n’ira pas plus loin. Réouverture progressive suite à un contre aux arrières.

Bilan après 3 mois avec la Soar d’Airdesign

Pour moi, la Soar est une superbe voile pour la progression en cross. Son comportement en sortie de domaine de vol est beaucoup plus doux que ce que j’ai pu connaître avant avec l’Ikuma. J’ai donc pu voler serein sous la voile et me concentrer sur des objectifs de compétences autre que le pilotage.

Son caractère communiquant est un vrai atout pour apprendre à lire la masse d’air et se positionner correctement dans celle-ci.
En mode recherche de thermique on peut se reposer sur elle pour nous guider et se laisser aspirer jusqu’au noyau. 

Enfin, elle a les outils de pilotage pour nous apprendre à la laisser voler un maximum, utiliser l’accélérateur sans en avoir peur et ainsi optimiser les transitions et cheminement, apprendre à être efficace en vol de distance.

J’ai pu boucler plusieurs parcours de 80km. L’avantage du light est qu’on ne craint pas de se vacher n’importe où, de faire un bout de rando pour re-décoller et finir le parcours. Ça a été le cas pour un triangle de 170km avec un premier posé au bout de 150km puis une rando dans les Aravis avant de rentrer en volant à Chamonix.
Objectif de la saison rempli !

Cette voile va m’accompagner encore un moment. Il y a de quoi apprendre et travailler avant d’atteindre ses limites !

Prochain retour après le vol bivouac.

Vidéo d’illustration du test de la Soar de Airdesign. Comportement en fermetures (naturelles), pilotages aux B/C.

Bons Vols !

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