Test du Bi Skin de Niviuk, le biplace le plus léger et le plus compact du marché, idéal pour partager les combos alpinisme et parapente à deux. Retour sur les premiers vols montagne et premiers avis sur cette aile ultra light.

Pourquoi le choix du Bi Skin ?

L’objectif parapente de cet été 2019 était le passage de la qualification Biplace.
Avec Avelaine, on s’était dit que pour les courses d’alpinisme, c’était plus sympa de décoller à deux. Histoire de ne pas en laisser un au sommet en cas de problème ! On partage un super moment en volant ensemble dans des décors incroyables. On évite d’attérir chacun d’un côté d’une ligne de crête, on reste groupés !
Et puis les copains qui font un peu d’alpinisme, qui volent, et qui ont une voile light se comptent sur les phalanges d’un doigt ! Avec le biplace, on s’occupe de me tirer au bout de la corde et je me charge de la descente 🙂 

Le cahier des charges pour choisir notre parapente biplace montagne était assez simple : légèreté et compacité.

Je volais déjà avec une voile monosurface de Niviuk, la Skin 2P. Je conaissais donc l’existence du biplace du même nom et la facilité de décollage impressionnante de ces ailes ultralight. Le Bi Skin 2P me semblait donc idéal pour les décollages courts que l’on trouve en montagne.

Pendant ma semaine de formation j’ai discuté de mon projet d’achat avec les moniteurs. Ils m’ont mis en garde contre le manque d’arrondi à l’atterro. Commentaire que l’on peut lire un peu partout et qui était aussi valable pour les premières monosurfaces solo.

J’ai donc regardé ce qui se faisait d’autre. Les biplaces légers sont peu nombreux. Malgré tout, une autre voile semblait intéressante : le Bi Pi d’Advance. Déclinaison de la Pi2, voile double surfaces light pour le vol rando qui rencontre un grand succès. Par chance, l’un des élèves venait d’acheter ce jouet et j’ai pu le tester. La voile, de petite surface, est bien chargée (elle n’admet pas un grand PTV). Elle est donc très ferme à la commande en pilotage, je n’ai pas accroché. La voile est assez légère mais en compacité, c’est incomparable au bi skin. Il est difficile de l’imaginer dans un sac d’alpinisme ou d’escalade. Je suis donc retourné vers mon premier choix.

« Cette voile n’est pas adaptée à tous les passagers. » Cette dernière mise en garde de la part des moniteurs est bien notée. J’adapterai la sellette à mes passagers, airbag obligatoire pour certains. Mais les personnes avec qui je pars en montagne sont capables de courir un peu !

Configuration du Bi Skin pour le vol montagne
Première configuration :

Pour commencer, l’objectif était d’acheter le moins de matériel possible.

J’ai donc utilisé ma sellette string Roamer 2P (200g) de Niviuk pour piloter. Le passager a récupéré ma selette réversible Roamer 2 (1kg5) pour laquelle j’ai acheté un airbag (200g) qui vient se fixer sous les fesses. L’airbag ne remonte pas dans le dos. Le pilote ne le dégonfle donc pas quand il s’appuie sur le passager. Il aurait aussi été possible d’utiliser l’Easyness 2 (Advance) d’Avelaine, qui dispose d’un airbag sous cutal. Mais il aurait fallu enlever le parachute de secours de sa voile solo à chaque fois.

Les écarteurs sont ceux vendus avec la voile. Il s’agit d’écarteurs souples légers en sangle cousue. Il mesurent 35cm de chaque côté. C’est de là qu’est venu le principal problème… On est beaucoup trop bas sous la voile ! Impossible d’atteindre les avants en cas de besoin. Impossible de rester bras hauts sans avoir une crampe aux épaules. Et surtout, lorsque l’on détrime avant l’atterro, il est déconseillé de lâcher les commandes sous peine de ne jamais réussir à les rattraper…
Le deuxième problème lié à ces écarteurs est qu’ils sont symétriques. La tête du passager est pile dans l’axe, difficile de voir où l’on va (voir image ci dessous)

test bi skin niviuk configuration montagne pour vol rando light

Il reste aussi à régler le problème du secours pour les vols thermiques…

Configuration optimisée :

Pas de changement pour la sellette passager si ce n’est qu’Avelaine prend sa Roamer 2P lorsqu’il faut vraiment être léger.

Pour la sellette pilote, on a acheté une Strapless Bi d’Advance. Seule sellette vraiment light permettant d’embarquer un secours en tandem. La bonne surprise est qu’elle est beaucoup plus confortable que le string de Niviuk. Les cuissardes ont une mousse assez ferme et la pression est homogène, il n’y a pas de sangle qui veint cisailler sous la cuisse et couper la circulation du sang. Le fait que les cuissardes peuvent ne pas être reliées entre elles est un vrai plus pour le confort du pilote. Le jambes se mettent facilement de part et d’autre du passager.

Le choix du secours a été un vrai casse tête. Les prix sont exhorbitants et ces bouts de tissus pèsent plus de la moitié du poids de la voile si ce n’est pas deux tiers. J’ai commencé par regarder les secours dédiés au biplace. Des parachutes dits light ou ultra light avec un poids monstrueux. Je pensais choisir le Xtwo de Xdream (existe aussi chez Nervure sous le nom de Plum 2). Il s’agit du secours biplace (PTV de 220 kg) le plus léger du marché. Mais quand on m’a mis le paquet de tissus dans les mains je suis parti en courant. C’est très volumineux…

secours biplace light parapente. Mortel Karré, advance, x one.

On abandonne tous les secours biplace « ultralight » au PTV de 220kg, ils sont vraiment trop lourds. On a fini par opter pour le secours Karré 160 de Kortel. La principale question était de savoir si le PTV de 160kg est suffisant pour notre usage. Avec nos deux poids réunis et le poids de l’ensemble du matériel précédemment cité (voile comprise) on est à 140kg. De quoi emmener 20kg de matos avec nous, ce qui semble suffisant pour de petits vols bivouacs.
Pour adapter le secours à la Strapless Bi, il faut couper la sangle qui relie les deux élévateurs du secours entre eux. Rien de compliqué. Les élévateurs et les petites commandes (secours dirigeable) rentrent bien dans les gaines velcro prévues à cet effet sur la sellette. Il y a toute la place qu’il faut dans le containeur pour y faire rentrer ce modèle de parachute.

Enfin, il nous fallait de nouveaux écarteurs pour que je puisse voir devant moi et piloter avec les bras moins tendus vers le haut. On a choisi les écarteurs ultra légers de Néo en tresse Dyneema. 25cm côté pilote et 35 cm côté passager pour 60g. Avec cette configuration, je suis au-dessus du passager, ce qui est beaucoup plus pratique. De plus, la position de pilotage est plus confortable car les commandes sont plus près de moi.

La connexion Passager / Ecarteur est faite avec des mousquetons alu pour plus de praticité. La connexion Pilote / Ecarteur avec les maillons rapides de la strapless bi qui sont très petits donc permettant de se rapprocher encore des élévateurs. Les connexions Secours / Ecarteurs et Voile / Ecarteurs sont faites avec des connect en dyneema.

test bi skin 2p configuration vol rando avec secours sellette strapless bi
Test du Bi Skin et avis perso :

Depuis l’achat de la voile, nous avons réalisé presque une trentaine de vols en 3 mois. Pas mal de vols rando, quelques vols escalade et alpinisme et une petite compétition de marche et vol.

La première bonne surprise était la réactivité de la voile. Rien à voir avec les voiles que j’ai pu piloter pendant la semaine de formation. On se rapproche plus d’une aile solo très joueuse. Les commandes sont souples et le virage s’amorce instantanément. Il est facile d’enrouler dans les thermiques avec un rayon assez court.

Le poids et la compacité de la voile n’étaient pas une surprise. On arrive à tout embarquer pour une voie d’escalade pas trop raide ou sur des courses d’alpinisme.

La facilité de gonflage de cette aile mono surface nous a permis de décoller dans des endroits un peu techniques (raide et travers pente au Miroir d’Argentine).

La prise en charge rapide nous a aidé sur des décollages en haute altitude (Weissmies, Mont Blanc) ou sur des terrains chaotiques (buissons, roches, déco courts).

En vol, évidemment, la voile n’a pas des performances extraordinaires. Par moment, le bord de fuite peut flapper ou vibrer un peu mais ce n’est pas vraiment dérangeant. Face au vent ou en air turbulent on sent que les performances se dégradent assez vite. Nous avons quand même pu faire un vol d’une heure entre la Charme, Pormenaz et les Houches un soir après 18h. Il est donc possible d’utiliser la voile pour des petits vols thermiques et envisager des vols bivouacs. L’aile tirera alors son épingle du jeu dans les phases de marche 😉

Pour finir, le point sensible, sujet de nombreux débats : l’atterrissage.
Effectivement, il est compliqué de faire de grands flairs comme avec un biplace classique. Par contre, il est bien possible de se poser sur les pieds sans se tasser les vertèbres! Il est important de faire une grande finale avec une bonne prise de vitesse, voile détrimée au maximum. Il est évident que si on entâme un virage serré proche du sol, le retour sur terre risque d’être plus rude… En respectant bien ça, on arrive facilement à annuler toute la vitesse verticale. Ensuite, il faut bien finir « debout sur les freins » avant qu’il n’y ait plus d’énergie dans la voile pour supprimer la vitesse horizontale. On peut arriver avec encore un peu de vitesse et il est parfois nécessaire de faire deux trois pas rapides quand on touche le sol. Si on se rend compte qu’on a freiné trop tard après le palier, la solution confortable consiste à faire atterrir le passager sur les fesses, amorti par l’airbag. Moins classe mais sacrément efficace!

Conclusion de cet essai :

Un biplace ultra light tout à fait adapté à notre pratique. Idéal pour le vol montagne et les sorties techniques qui demandent un encombrement minimal. La facilité de gonflage et la prise en charge rapide ouvrent les portes à de multiples décollages en montagne. Les possibilités de combos alpinisme et parapente sont nombreuses. L’atterrissage demande quelques précautions mais n’est pas rédhibitoire.

Nous avons réussi à trouver une configuration légère mais confortable pour ce biplace. Notamment grâce à la sellette Strapless Bi d’Advance. Il est donc possible de voler assez longtemps et d’envisager de petits vols bivouac si l’objectif n’est pas la performance.

Cette voile est aussi taillée pour les voyage. Elle se glisse très facilement dans le bagage en soute. Le Bi Skin nous a permis de profiter de deux semaines de vols à la Réunion. Nous avons pu réaliser plusieurs petits cross sans jamais se sentir limités!

 

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